MAI 1968

Publié le par christiane choisnet

En Mai 1968, la France figée dans sa réussite économique se réveille brutalement. C'est un mois de folie et de désordre pendant lequel la jeunesse s'autorisera toutes les audaces. Début 1968, le Général de Gaulle est au pouvoir depuis dix ans. En réalité, les jeunes issus du baby-boom de l'après-guerre étouffent et  s'ennuient.
Il suffira d'une étincelle allumée en mars par quelques étudiants gauchistes pour enflammer tout le pays. En Mai 68, le transistor collé à l'oreille,  les français assistent, ébahis, au surgissement échevelé de la jeunesse. Un peu partout, on sèche les cours et on débat... le mouvement étant impulsé par la fièvre idéologique de quelques-uns : l'ennemi, c'est l'ordre. Le pouvoir, les partis politiques, les syndicats vont vite être débordés par l'insolence, la créativité, la spontanéité et l'absence de stratégie du mouvement étudiant. Les travailleurs vont s'engouffrer dans la brêche ouverte par les étudiants et le 13 Mai, dans le cadre d'une journée nationale de manifestations, il y a 8 millions de travailleurs en grêve.

 

Manifestation du 13 Mai 1968 à POITIERS


Je me souviens de la manif à ANGERS : ENORME ! énorme concentration d'ouvriers, d'étudiants et d'employés du tertiaire réunis dans la fraternité devant la Bourse du Travail, place Imbach. On n'entend même pas les orateurs tellement il y a de déferlement de toutes sortes.


La manif' boulevard du Roi René, bien sûr, j'y étais : nous étions souvent assis sur la chaussée car l'on entendait dire que le début du cortège était déjà disloqué vers le boulevard Foch que la fin du cortège ne s'était pas encore ébranlé de la place Imbach.

Je me souviens de l'ambiance mémorable ! nous chantions sur l'air de "Il était un petit navire" : IL ETAIT UN PREMIER MINISTRE (bis)
QUI N'AVAIT JA JA JAMAIS TRAVAILLE (Bis) OHE OHE !
Le premier ministre qui était la cible de l'époque et paix à son âme était Georges Pompidou qui négociera avec les représentants syndicaux les accords de Grenelle avec l'aide de son secrétaire d'état à l'emploi, Jacques Chirac.

Ainsi, depuis mon retour des vacances hollandaises, les employés de banque dont je faisais partie, étions en grève, une grève qui durera trois semaines. Chaque matin, nous étions convoqués à la Bourse du Travail et désignés pour être piquets de grève. Le programme de ces journées était tout nouveau pour nous. Tout nouveau, tout beau, tout rose. Tous les jeunes nouvellement embauchés, nous étions en permanence en effervescence et la tension restait vive.

Les travailleurs occupaient les usines, puis, ce fut la grève à l'O.R.T.F. (télévision). On commençait à manquer de carburant et plus de solexine à mettre dans mon solex, alors je rentre à pied d'Angers avec d'autres employés de banque et c'est dans la joie et dans la bonne humeur. J'ai gardé le souvenir de cette période d'une ambiance extraordinaire comme d'une grosse kermesse.

Les banques commençaient de leur côté à manquer d'argent liquide. C'est la "chienlit" dira De Gaulle : l'emploi ne s'est pourtant jamais si bien porté ; comme quoi, même en période de croissance, la vie est rarement simple comme un coup de fil.

Fin Mai, le vent "tourne" et De Gaulle reprend le contrôle de la situation. Le 31 Mai, ce sont les gaullistes qui occupent le pavé. C'est la "Marseillaise" contre "l'Internationale" et le travail reprend progressivement.

 

 
 

 

 
 
 
 
A Angers, le 31 Mai 1968, manifestation des gaullistes qui occupent à leur tour le pavé.


Comme tout le monde, nous les employés de la Banque Populaire reprenons le chemin de.... la banque et le patron, paternaliste, nous accueille tous dans le hall d'entrée en disant : "grèvistes et non-grèvistes, serrez-vous les mains....".  Je m'en souviendrai toujours car cette phrase m'avait émue.

En Mai, c'est la grève et en juin c'est déjà les vacances et avec une copine du Cours Seng-Réthoré, nous prenons pour la première fois l'avion pour nous rendre aux Baléares dans un club "branché" du style club Med.

L'hôtel était situé dans une région un peu marécageuse du côté d'Alcudia entre la lagune et la mer. Il y avait beaucoup de jeunes de notre âge et grisés par notre tout nouveau pouvoir d'achat - merci les accords de Grenelle - nous goûtons à tout avec voracité. Cependant, c'était encore le régime franquiste et les autorités de l'île nous avaient interdit de nous réunir en ville suite aux récents évènements en France et, en outre, le franc n'était plus échangé dans les banques. Mais c'était sans compter sur notre sens de la débrouillardise. Olé !

 

 


 

Après trois semaines de grève en Mai, deux semaines de vacances en juin aux Baléares : NON, MAIS DES FOIS, QUE DEMANDE LE PEUPLE ?




 







 



 

 






  




   

 

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