Déménagement pour les Tellières à TRELAZE

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TRELAZE, à gauche la route du bourg et à droite la place des Tellières (cartes postales des années 20) Hormis la tenue des enfants quand nous sommes arrivés en 1953, rien n'avait changé sur la place de droite appelée aussi La Grande Place.

Finalement, le 8 Mai 1953 ; nous quittâmmes Sorges pour la Cité des Tellières à TRELAZE. C'était une cité ouvrière de la Compagnie des Ardoisières avec des maisons basses groupées deux par deux autour d'une grande place qui offrait un lavoir collectif et un chateau d'eau. 

Le déménagement nous a comblés. Nous avions fait un échange de logements avec un monsieur qui était veuf ; si lui n'avait rien gagné au change, nous nous étions heureux, surtout ma mère qui détestait l'ancien logement. Il faut dire qu'au début de la guerre, elle en avait gardé un mauvais souvenir, s'étant retrouvée seule (mon père parti à la guerre), en juin 1940, au moment de l'invasion allemande, profitant de l'absence de ma mère partie aidée sa soeur pour la fenaison,  la propriétaire avait hebergé des réfugiés de la débâcle dans le deux-pièces de mes parents. Quelle ne fut pas sa désagréable surprise en rentrant dans son logis de constater que les occupants de l'exode l'avait laissé très sale. Elle n'en voulait pas à la propriétaire mais à ces gens qui dans leur fuite malheureuse avaient quitté son logement le laissant dans un état lamentable.

Nous avons donc emmenagé au 10, rue du Marché à TRELAZE. Nous étions vraiment comblés car nous étions enfin "chez nous". Nous avions un grand jardin attenant à la maison entouré de grands murs en pierres ardoise  ce qui nous isolait des voisins. Nous accédions par un portail qui donnait sur une allée qui longeait le pignon de la maison et qui débouchait sur une cour pavée d'ardoises et ombragée par un grand prunier de mirabelles.  En plein été, le sol en pierre ardoise de la cour n'était qu'une marmelade de prunes  avec une colonie de guêpes. Rapidement, mes parents sacrifièrent le prunier de mirabelles.

Une grande cave longeait la cour avec en prolongement un grand bassin également en pierre ardoise sur lequel déversait une gouttière. Ce grand bassin était toujours moussu servant de refuge à des têtards. Entre la cave et une table de jardin, quatre marches et nous accédions à la grande pièce de vie qui servait de cuisine et de salle-à-manger. Au fond de cette pièce trônait une grande cheminée et une porte nous séparait de la chambre des parents dont la fenêtre s'ouvrait sur la rue.

A l'étage, il y avait un grenier au-dessus de la cuisine et une chambre mansardée donnait également sur la rue. Cette pièce fut séparée par une cloison en contre-plaqué afin que nous ayons chacun un semblant de chambre.

Nous n'avions toujours pas le confort d'une salle de bains. Nous nous lavions dans le résidu sous l'escalier dans une bassine.
Nous n'avions toujours pas l'eau courante. Mon père généralement était de corvée pour aller puiser l'eau à un robinet commun à tout le quartier à l'entrée de la rue du marché (c'était un ancien puits) mais le fait de tourner le robinet pour prendre de l'eau c'était déjà un progrès par rapport au puits.
Mais ma mère quelquefois pestait car tout le voisinage se retrouvait près du "robico" en même temps c'est-à-dire juste avant  la préparation du repas et cette fontaine providentielle devenait "RADIO ROBICO" vu que mon  père aimait bien bavarder avec ses voisins : ma mère qui attendait l'eau pour faire "la soupe" nous envoyait chercher un seau.

Nous n'avions pas le chauffage central non plus. Nous nous chauffions avec du charbon que l'on mettait dans le foyer de la cuisinière

Peu après notre aménagement aux Tellières nous sommes allés rendre visite à un couple d'amis place du Petit Bois qui était également une cité ouvrière conçue sur le même modèle que celle des Tellières puisque le père était mlneur ardoisier "dans le fond". Mes parents avaient fait leur connaissance à ST GILLES car leur fille Marie-Annick était avec nous au Sanatorium. Ils avaient 8 enfants et je jouais principalement avec Marie-Françoise qui avait le même âge que moi. Il faisait chaud et nous jouions dans le jardin, pieds nus, quand l'un des enfants a voulu me doubler, mon pied s'est alors posé sur l'arête d'une pierre ardoise dans l'allée. L'arête était très coupante car l'ardoise était fine et m'a entaillé profondément entre deux orteils. Je me souviens qu'un temps, ma mère me déplaçait sur le porte-bagages de sa bicyclette car le médecin m'avait interdit de poser le pied à terre.     
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