DEPART DE LA CITE DES TELLIERES

Publié le par christiane choisnet

Après les vacances aux Baléares, retour en France dans la nouvelle demeure de mes parents car en 1966, il fallut déménager : mon père étant retraité des Ardoisières depuis quelques années, nous avons changé de rue. Mes parents ont acheté une ancienne maison des Ardoisières au 169 de la rue Jean Jaurès. J'ai beaucoup regretté qu'ils aient été contraints de partir de la cité des Tellères . Mon père avait travaillé toute sa vie à la "Carrière", toute sa vie, il avait été fendeur-ardoisier. A partir d'un bloc de schiste, il pouvait obtenir de fines ardoises de quelques centimètres et de quelques centaines de grammes à l'aide d'un maillet et d'un cobra (ciseau à ardoises). Il avait fait ses débuts avec son père dans une petite cabane sur une butte d'ardoises, à la carrière de Bel-Air de Combrée. Ils étaient payés selon la production d'ardoises qu'ils fendaient. Le schiste commençant à s'épuiser dans les carrières de Bel-Air/Misengrain avant la guerre, mon père était venu à Trélazé dans les années 30, continuer son métier de fendeur, non plus sur les buttes, mais dans les magasins des Grands Carreaux et de l'Hermitage.


 

TRELAZE, un puits des ardoisières sur la route du bourg.


A droite, statue d'un fendeur d'ardoises près de la Mairie de TRÉLAZÉ



 

J'ai beaucoup regretté notre maison au 10 de la rue du Marché et tous les souvenirs qui s'y rattachaient. Cela m'a fait mal de quitter mon jardin où mes parents avaient tant "donné" ; mon père, maintenant, n'avait plus de jardin qu'une petite courette et il allait s'ennuyer ferme.

Et pourtant, lorsque nous avons quitté la cité des Tellières, les maisons comme la nôtre n'avaient toujours pas le confort d'une salle de bains et les WC étaient toujours à l'extèrieur avec leur siège à "la turque". Depuis notre arrivée dans la nouvelle maison de la rue Jean Jaurès, mes parents avaient fait installer une petite salle d'eau avec baignoire ainsi que les toilettes. Enfin, nous en avions fini avec un confort rudimentaire !

Mais néanmoins, j'avais de la peine en quittant ma chambre d'étudiante et le grenier attenant. Que d'heures j'ai pu passer à "fouiner" dans ce grenier. Mais, moi, pas de malles avec des habits de la belle époque ou des chapeaux mais des vieilleries comme on en trouve dans tous les greniers. Maman y avait entreposé notamment ses vieux magazines "Madrigal" des années 40 et surtout les vieux "Modes de Paris" des années 50 avec ses "love-story" qui nous ont tenu en haleine toutes les deux d'une semaine à l'autre... Avec le recul, je trouverais toutes ces histoires totalement niaiseuses mais il y a des émissions de télé-réalité sur nos chaînes de télé actuelles qui ne sont pas d'un niveau hautement plus culturel.

Si j'ai décidé depuis peu de mettre sur la toile tous mes souvenirs c'est en hommage à tous ceux qui ont partagé les moments heureux de mon enfance et tout d'abord à mes parents. Mon père est mort alors que j'allais avoir 35 ans et ce qu'il m'a laissé en héritage c'est sa passion du travail tant pour son métier de fendeur que pour son jardin. Mais mon travail fut bien moins pénible que celui de mes parents qui ont "trimé" toute leur vie pour que nous puissions accéder aux études et avoir un "avenir" qu'il souhaitait meilleur que le quotidien qu'il pouvait avoir. Et en travaillant très dur parfois, mes parents caressaient toujours cet espoir de nous voir arriver à une vie meilleure...

Arrivée à l'âge où mon père nous a quittés, il m'arrive de penser aux sacrifices qu'ils ont consentis pour nous mais j'ai découvert depuis que ce qu'ils nous ont laissé en héritage (les manières polies, le non-gaspillage, les veillées à les écouter rire, chanter leurs chansons d'autrefois ou évoquer leurs propres souvenirs) est un bien infiniment plus précieux qu'une immense richesse.



Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article