La fin de mes études

A la rentrée 63, j'entrais en seconde au Lycée Chevreul à ANGERS mais je n'ai jamais pu m'adapter à la discipline militaire de cet établissement où les colles et les punitions pleuvaient régulièrement. Les profs qui enseignaient étaient des êtres brutaux, sévères, les pions étaient du genre "garde-chiourmes et surtout il fallait revêtir l'uniforme qui consistait en une affreuse blouse beige une semaine sur deux (l'autre semaine pour une blouse bleue ciel). C'était un établissement uniquement féminin.
Pour en sortir il fallait montrer patte blanche, il fallut surtour montrer un espèce de carnet signé à la Concierge, une chouette revêche. Bref, mon esprit ne s'adaptait pas à cette discipline de fous et j'obtins de mes parents qu'ils m'inscrivent au Cours Seng-Réthoré (cours privés de secrétariat) où je suis restée deux années. 
Je me souviens que l'hiver 62/63 restera l'un des plus longs et des plus rigoureux que l'on ait connus et durant les cours nous nous groupions autour du poêle.
Ma scolarité s'est terminée en juin 1964. Je peux dire que dans l'ensemble j'ai été une assez bonne élève même si mes parents voulaient que je devienne institutrice et que j'ai dévié vers le secrétariat. Si, dans le secondaire, j'ai eu de bons professeurs attachants, la discipline et la sévérité de la prison du Lycée Chevreul m'a révoltée. Moi, j'ai un esprit rebelle quand il s'agit d'obéir à des ordres idiots sans réfléchir avec une discipline, pire que sévère, rigide, souvent vexatoire qui interdit toute discussion. C'est ma vérité dans toutes les circonstances de la vie.
 
 
En 1963, mes parents s'équipent de la télévision, il n'y avait qu'une seule chaîne mais nous découvrions comme beaucoup d'autres français, un flot d'images nouvelles surgies du petit écran. Papa a un faible pour celle qu'il appelle la Caurat. Jacqueline Caurat présente en effet la "séquence du spectateur" le dimanche midi. Maman a son préféré : Maurice Séveno, le présentateur sympathique qui fût limogé pendant les grêves de 68. En attendant, nous retrouvons Maurice Séveno chaque jour et c'est lui qui vient nous annoncer au soir du 22 Novembre 1963, l'attentat qui a coûté la vie à J.F. Kennedy. Son assassinat à DALLAS va stupéfier le monde entier et, pendant des jours, les images qui défilent sur nos petits écrans appartiennent désormais à la mémoire collective : la limousine lancée à vive allure après les coups de feu tandis que Mme Kennedy en tailleur rose, affolée, se précipite sur le capot arrière.

Ma voisine, Danièle, m'entraînait au bal de la Maraîchère à TRELAZE. Au début, nos mères voulaient nous accompagner pour nous chaperonner en quelque sorte. Il faut dire que la salle de la "Maraîch" n'avait pas très bonne réputation car les jeune perreyeux avaient paraît-il le poing facile. La fameuse salle de la Maraîchère a connu bien d'autres conflits, c'est une salle immense avec un estrade sur le fronton duquel est écrit "Gloire et Honneur à l'école laique" et "Dans le pays du suffrage universel, tout citoyen doit savoir lire et écrire". Cela donne tout de suite l'idée des pensées dominantes de cette population très ouvrière et très rouge. Cette salle de la Maraîchère est devenue à la fin du XIX° siècle et pendant une partie du XX° siècle, un haut lieu de rassemblements syndicaux des ardoisiers trélazéens qui mobilisaient jusqu'à 1500 ouvriers par réunion.

Bref et revenons au bal à la "Maraîch". J'aimais beaucoup danser et j'y ai toujours passé de bons moments, avec Jacqueline, Danièle, Renée...
Un bar trônait, bien sûr à l'entrée. J'y ai vu des danseurs un peu émêchés, jamais de bagarres. Toute tentative était aussitôt neutralisée. Il y avait des organisateurs qui surveillaient les clients et l'aspect de ces gentils organisateurs faisait quand même réfléchir les candidats à la bagarre. Dès qu'une conversation donnait l'impression de devoir prendre un tour un peu "physique", les interlocuteurs étaient immédiatement entourés et poussés vers la sortie.

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