Je commence à travailler à 18 ans...
En aout et septembre 1964, j'effectue mes premiers emplois, ce sera le début d'une longue carrière de "bureaucrate" qui aura duré 42
années.
En octobre de la même année, le directeur du Service du Cadastre vient se présenter à la maison pour m'embaucher : impensable aujourd'hui. Il faut dire
que nous n'avions pas le téléphone mais il faut bien reconnaître que c'était l'époque du plein emploi et pour le tertiaire, la main d'oeuvre était difficile à trouver.
C'était un directeur d'attitude débonnaire, toujours en blouse grise et qui n'avait aucune autorité. Il arpentait les allées formées par les rangées gigantesques de piles de classeurs et de
dossiers poussiereux dans un bureau très archaique.
Trois mois plus tard, j'embauchais à la Banque Populaire Anjou Vendée : c'était l'âge d'or du monde du travail cxar la banque embauchait régulièrement à l'époque (presque tous les mois) des
jeunes de mon âge ce qui a contribué à créer une ambiance particulière dans les services.
En 1963, la mode bouge et ça commence à m'interesser, moi je pousse ma mère à m'acheter des vêtements qui me plaisent dans les grands magasins. Comme la majorité des gens, papa gagne
mieux sa vie et ça tombe bien car la mode ça devient palpitant ! alors en 1964, comme je commence enfin à gagner
ma vie, ça devient encore plus palpitant ! une anglaise a inventé la mini-jupe. C'est laid et sale dit Madame Chanel mais nous on s'en moque, on passe à l'action, on découvre les gambettes. Les
dessous sont sens dessus-dessous : adieu les bas, vive le collant qui monte à la ceinture. On rajoute un panty, sorte de short raffiné qui descend à mi-cuisses avec dentelles. Le péril jeune est
là et les vieux se tordent le cou...
Pour ne pas être en reste, les garçons ont décidé de se laisser pousser les cheveux aussi longs que les filles ont raccourci leur jupe.
J'achète mes disques : les Surfs, un groupe malgache de six frères et soeurs chantent sur le Teppaz : "T'en vas pas comme ça". Marie Laforêt m'invite aux
"Vendanges de l'amour" et en 1965, ADAMO se fait connaître avec "Tombe la Neige". Je suis allée voir mon idole au cinéma des Variétés à ANGERS. Je vais maintenant régulièrement au cinéma des
Variétés avec mes copines voir "La Grande évasion" "La Grande vadrouille" "WEST SIDE STORY" et l'inoubliable "Docteur Jivago" ... et bien d'autres films encore. C'est désormais fini pour les
petits cinémas de quartier de TRELAZE qui ne vont pas tarder à fermer.
Désormais, les loisirs de la ville nous attirent.
Mes parents m'offrent mon premier solex, un 3300, tout noir et comme toutes mes copines en possèdent un aussi, la bicyclette est relayée au grenier parmi les vieilleries. Nous enfourchons le
solex pour de grandes randonnées. Avec Renée, je partais faire le tour des Côtes du Nord devenues Côtes d'Armor en séjournant dans les auberges de jeunesse mais toujours en
solex.
Nous étions toutes les deux d'un voyage à AMSTERDAM, nous dansions dans une boîte baptisée "Sur le Pont d'Avignon" quand nous apprenons par des jeunes hollandais que
la Sorbonne est occupée à PARIS par des étudiants en grêve.